Dans la commune de Bazas, en Gironde (S-O de la France), des fragments de verres datant des IVe aux XVIIIe/XIXe siècles, ont été découverts sur le site Saint-Hippolyte. A Bazas, un gobelet complet de l'époque mérovingienne a été mis au jour sur la place Saint-Martin située devant la cathédrale.
Le Bazadais et les verres archéologiques : site de Saint Hyppolite et de Saint-Martin
I- Présentation des sites
Le Bazadais et les verres archéologiques: deux sites
-Saint-Hippolyte (Pasquillon ouest) sur la commune de Bazas
Saint-Hippolyte est un lieu-dit, situé à quatre kilomètres au nord de Bazas. Un diagnostic archéologique effectué sur l'emprise de la construction de l'autoroute A65 reliant Langon à Pau. Les indices de vestiges de bâtiments antiques ont été mis en évidence ainsi qu'une occupation du haut Moyen Âge. Des indices du travail du verre plus tardifs (XIXe siècle) sont aussi été mis au jour.
La phase, datée du Haut Moyen Âge, est marquée par une production artisanale de céramique dont un four de potier. Ce dernier est associé à des fosses d’extraction d’argile. L’étude radiocarbone sur le mobilier, permet de situer cette production entre la première moitié du IVe siècle et la première moitié du VIe siècle.
Ce diagnostic a été réalisé par la société Hades et le chantier de fouille dirigé par Natacha SAUVAÎTRE
-Place Saint-Martin
Sur la place Saint martin située devant la cathédrale de Bazas des fouilles ont été entreprises lors de travaux en 1935, puis de nouveau en 1949, 1950 et 1951. A chaque fois, ce sont la présence de sarcophages qui ont entraîné ces fouilles. Au total, c'est une trentaine de sarcophages qui ont été mis au jour. Des objets ont été découverts dans certains dont un bol en verre archéologiquement complet dans le sarcophage n° 15. C'est ce seul objet en verre découvert. Les autres découvertes sont des fragments de céramique, des silex, de objets en métal, comme une plaque-boucle en bronze, une plaque de fer damasquiné, des fibules en fer, des bagues en argent.
II- Le Bazadais et verres archéologiques : matériel en verre de ces deux sites
A- Le site de Saint-Hippolyte
Le lot de verre est très fragmenté et les tessons sont de très petites dimensions. Les quelques formes identifiables proviennent de l’US 1137. Il s’agit d’objets datant du IVe siècle au VIe siècle. D’autres US (1030, 1017,1023, 1116) renferment des fragments permettant d’affirmer qu’il y a eu un four de verriers dans les environs. Cette activité daterait du XVIIIe ou du XIXe siècle.
1- Le verre contenu dans US 1137 : témoin d’une occupation entre les IVe-VIe siècles
Il a été mis au jour 12 fragments de verre dans l’US 1137. Seule cette US possède trois fragments de bords supérieurs pouvant se rapprocher de trois contenants différents de formes connues.
Trois objets des IVe/VIe s. identifiables dans l'US 1137
1-Fragment de bord supérieur. Nombreuses petites bulles et filandres. Verre vert-olive. Lèvre arrondie par réchauffement (ép : 3 mm). Diamètre d’ouverture : 7 cm
2- Fragment de bord supérieur. Nombreuses petites bulles et filandres. Verre incolore. Lèvre arrondie par réchauffement (ép : 3 mm) et incurvée vers l’intérieur. Diamètre d’ouverture : indéterminée. 3 négatifs de filets de verre sont visibles sur la partie supérieure du contenant.
3- Fragment de bord supérieur. Quelques petites bulles. Verre incolore. Lèvre arrondie par réchauffement (ép : 3 mm), incurvée vers l’intérieur. Diamètre d’ouverture : indéterminé. Quatre filets de verre de couleur bleu-clair ont été entourés dans la partie supérieure du contenant.
Il est possible de rapprocher ces verres des types Isings 109 ou Feyeux 41, datés du IVe siècle au VIe siècle. Quand leur panse est décorée de filets de verre ou d’émail blanc, il est possible de dater ces verres de la fin du Ve siècle ou du début du VIe siècle. Il s’agit d’un type de verre assez commun dont de nombreux exemplaires ont été trouvés sur des sites aquitains : Villa de Plassac Gironde), place Camille Julian (Bordeaux), Biganos (Gironde) et à Jau-Dignac.
2- Indices du travail du verre
Des déchets (8 fragments) de travail du verre ont été découverts dans plusieurs comblements de tranchées d'un bâtiment. Il s’agit de gouttes résultant du travail du verrier. Quand ce dernier travaille la masse de verre encore visqueuse, il coupe parfois des petits morceaux qui tombent sur le sol. Ceux-ci ne sont pas ramassés pour être refondus car de trop petites tailles. Ces gouttelettes ou fils de verre sont des indices prouvant la présence d'un atelier de verrier dans un environnement assez proche.
Ces déchets sont accompagnés de fragments de creusets ou de briques (42 fragments) ayant appartenues à une structure de chauffe. Ces éléments possèdent des coulures de verre vert.
La datation de ce lot reste incertaine. Ces éléments ont été découverts dans un niveau d’abandon où plusieurs fragments de céramique antique ont été identifiés. Mais, ces déchets de travail du verre rappelle les rebuts de production de verre d’époque récente comme ceux que l'on trouve pour la production de bouteilles Bordelaise (ex.: déchets du travail du verre dans les US 160 et 261 lors des fouilles réalisée en 2018, dirigées par Jérémy Bonnenfant de Bordeaux métropole, de la verrerie Cash à Bordeaux spécialisée dans la production de bouteilles au cours du XIXe siècle)
En 1785, l'inspecteur des manufactures, François Latapie, dénombre dans le Bazadais, huit four de verrier : à la Magine, à Préchac, à Villandraut, à Castelnau de cernes et à Saint-Symphorien. Aucun de ces ateliers ne se situe au nord de Bazas, dans un rayon de 4 km. Il faut dire qu'à cette époque les verriers n'avertissaient pas toujours les autorités de la construction d'un atelier. C'est la raison pour laquelle l'inspecteur des manufactures, lors de son recensement n'autorisa le fonctionnement que de certains ateliers. Aussi pouvons nous imaginer un four de verrier clandestin au nord de Bazas à la fin du XVIIIe siècle qui a du être éteint après le passage de François Latapie ou bien un atelier plus tardif non encore référencé.
Atelier de verrier de la fin du XVIIIe s. situé au nord de Bazas : atelier clandestin?
B- La place Saint Martin
Un verre découvert dans une sépulture est un verre apode de couleur bleu/vert. Sa lèvre épaissie par réchauffement sur la flamme, est légèrement incurvée vers l’intérieur. Son épaisseur est de 3,1 cm. On remarque la trace du pontil en dessous (Ø : 1,5cm), de nombreuses filandres et quelques bulles. Cet objet a une hauteur de 10 cm et un diamètre d'ouverture de 10 cm.
Il s'agit d'un gobelet campaniforme sans bouton de Type 57 de la classification de J.-Y. Feyeux, et date du VIIe siècle.
Cet objet est actuellement exposé dans la mairie de Bazas.
Gobelet campaniforme, Type 57
Par comparaisons on peut mentionner des objets identiques découverts en France :
(informations issues de J.-Y. Feyeux, Le verre mérovingien du quart nord-est de la France, Paris, 2003)
n° 527 : ce gobelet provenant de Coulommes-et- Marqueney (Ardennes), est de couleur bleu irisé et parsemé de bulles et de filandres. Sa hauteur est de 9,7 cm.
n° 528 : ce gobelet se trouve au Musée de Saint Germain en Laye. Son origine est incertaine, Marne ? Le verre est bleu/verdâtre irisé et parsemé de filandres. Sa hauteur est de 10 cm.
n° 529 : ce gobelet provient de Poivres « Champs la Cave » (Aube). Il est bleuté. Sa hauteur est de 10,5 cm.
Bibliographie
Saint-Hyppolite
-Bonnenfant J., Bordeaux, Voie Nouvelle, fouilles archéologique 15 novembre-14 décembre 2018, Rapport d'opération d'archéologie préventive, Bordeaux Métropole, 2020, 226-227.
-Foy D., Hochuli-Gysel A., « Verres stratifiés des fouilles de la place Camille Jullian à Bordeaux (Ve-Xe), Le verre en Aquitaine du IVe au IXe siècle, un état sur la question, in : Le verre de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen Âge, typologie, chronologie, diffusion, Guiry-en vexin, 1995, 159-165.
-Hébrard-Salivas C., Etude de la verrerie du site de Biganos , in : Wozny L., Biganos, DSF, SRA, Bordeaux, 2007, 2008
-Hébrard-Salivas C., Etude de la verrerie du site de Jau-Dignac et Loirac , in : Cartron I., et Castex D., Jau-Dignac et Loirac (Gironde), « La Chapelle Saint-Siméon », DSF, (2005-2008), SRA, Bordeaux, 2008.
-Hochuli-Gysel A., les verres de la villa gallo-romaine de Plassac (Gironde), Revue Archéologique de Bordeaux, tome LXXXI, 1990, 39 à 81.
-Sauvaître N., Saint Hippolyte, Pasquillon ouest, Commune de Bazas (Gironde), RFO, Hades, 2010
Place Saint-Martin
-Cadis L., Marquette J.-B., Rapport de fouilles n° 33/04/11, Bazas, Place Saint Martin, SRA, Bordeaux.
-Cadis L., Marquette J.-B., La nécropole mérovingienne de la place Saint-Martin à Bazas, Société Archéologique de Bordeaux, 1960, 125-140.
-Cadis L., Coupry J., La nécropole mérovingienne de la place Saint-Martin à Bazas, in : Bazas et le Bazadais : occupation du sol, histoire, art économie, actes du XIIIe Congrès d’études régionales tenu à Bazas les 7 et 8 mai 1960, 1961, 35-50.
-Feyeux J.-Y., Le verre mérovingien du quart nord-est de la France, Paris, 2003.
-Notice de la Généralité de Bordeaux, envoyé au conseil du commerce en 1785, par l'inspecteur des manufactures Latapie, Archives historiques de la Gironde , t. XXXIV, 251.
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