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Etude archéologique du verre de Saint-Jean-Baptiste à Périgueux (Dordogne)

hebrardcatherine

Dernière mise à jour : 21 avr. 2023

Objets des XIIIe/XIVe siècles découverts lors des fouilles de la chapelle Saint-Jean-Baptiste en 2008

Le lot de verre prélevé lors des fouilles de la chapelle Saint-Jean-Baptiste est assez conséquent : 725 tessons. Mais ce matériel est très fragmenté et mal conservé. De nombreux tessons sont de petites tailles (moins de 1 cm de côté) et les couleurs souvent indéterminées. Ce lot se divise en tessons appartenant à des objets servant à contenir ou à verser (575 fragments) et des tessons de verre plat (150 fragments). Il a été possible d’identifier 10 objets dont une fiole archéologiquement complète, des verres à boire, des lampes et bouteilles.

725 fragments de verre mais que 10 objets identifiables

Une fiole

Une fiole archéologiquement complète a pu être reconstituée à partir d’une quarantaine de tessons. Le verre de couleur verdâtre est très altéré. Cette fiole a une hauteur totale de 19 cm. Le col, court et de forme évasée, possède un bec verseur. A son opposé, une anse composée d’un filet de verre plein de la même couleur et replié sur lui-même, prend appui sur la lèvre, puis elle est soudée sur la partie basse du col. De chaque côté deux sortes d’anses faites avec un filet de verre plein sont décoratives et viennent se souder le long de la panse. Celle-ci globuleuse est décorée de gros filets de verre disposés en forme d’arc sur chaque quart de la panse. Son diamètre est de 21,4 cm. Le fond est rentrant. Il est lui aussi décoré de filets de verre aplatis qui correspondent à ceux disposés sur la panse et qui viennent mourir sous l’objet.



Cet objet peut être comparé à des fioles qui se trouvent au Musée de Vienne (Isère) : celles-ci possèdent deux petites anses latérales et un bec verseur; quelques-unes ont leurs petites anses qui se prolongent par un fil vertical qui meurt le long de la panse, elle même décorée de filets de verre. Ces fioles sont datées de la deuxième moitié du XIIIe siècle[1]. Il est possible aussi de faire une comparaison avec des gourdes qui se trouvent à Besançon. Elles possèdent pour décor de gros cordons de verre[1].

[1] FOY.D., n° 110, 111, 112, 113, A travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, Musée et Monuments départementaux de Seine-Maritime, Nancy, 1989, p.182-183.



Les lampes

Deux fonds de lampe complets ont été recueillis ainsi que des fragments de bord qui correspondent à la partie supérieure des lampes. Le verre est très oxydé et la couleur indéterminée.



La trace du pontil est visible sur les deux fonds de lampes. Ces dernières auraient un diamètre d’ouverture de 14 cm. Les lèvres sont droites, arrondies par réchauffement sur la flamme. En revanche, nous n’avons aucune indication pouvant donner la hauteur de ces lampes.

La lampe est un objet liturgique que l’on retrouve fréquemment dans des sépultures. De nombreux textes font référence à l’entretien des lampes présentes dans les églises. Ces lampes peuvent être en métal, en céramique ou en verre. C’est donc un objet commun dont l’utilisation remonte à l’Antiquité[1]. La forme des lampes en verre semble avoir peu évoluée entre le VIIIe et le XVIe siècle. L’ouverture est large, puis la panse se resserre et se termine en forme de cône. Il s’agit de lampe que l’on suspendait. Si la plus ancienne lampe connue est en verre épais[2], les suivantes sont plus légères et la forme de la panse varie légèrement. Les lampes du XVIe siècle sont en verre translucide parfois verdâtre ou bleuâtre[3]. Ainsi par comparaison, les fragments de lampes en notre possession peuvent être datés entre le XIIe siècle et le XVe siècle.

[1] COMTE François, Le luminaire, A travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, Musée et Monuments départementaux de Seine-Maritime, Nancy, 1989, p.341-356. [2] GUADAGNIN Rémy, N° 388, luminaire en verre de Villiers-Le-Sec, A travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, Musée et Monuments départementaux de Seine-Maritime, Rouen, 1989, p.346. [3] WATON, M.-D., Strasbourg6Istra : verrerie du XVIe siècle, Verrerie de l’Est de la France, XIIIe-XVIIIe siècles, fabrication-Consommation, Revue archéologique de l’Est et du Centre-Est, Dijon, 1990, p.45.


Verre à boire


Une quarantaine de tessons appartiennent à des verres à boire. Malgré ce nombre important de tessons, cet ensemble ne semble correspondre qu’à un objet. Le contenant a été soufflé dans un moule à côte. Le nombre de côtes n’a pas pu être déterminé à cause de la petite taille des tessons appartenant à ce verre (35 tessons).


D’autre part ces tessons n’ont pas pu être assemblés à cause de l’oxydation du verre qui se délite. Un pied ourlé découvert avec les fragments il semble appartenir à la panse précédente. Il possède un motif de côtes en très faible relief. Cet objet pourrait être daté du XIVe ou du XVe siècle.


Le verre plat

Le nombre de tessons de verre plat s’élève à 150. Ce verre plat a été élaboré à partir de cylindres de verre soufflés puis ouverts en leur milieu pour faire des plaques. L'élément qui permet cette affirmation est la découverte d'un tesson qui appartient à un bord de plaque (un fragment qui a un côté droit incurvé et arrondi par réchauffement sur la flamme).

La plupart des tessons est grugée au moins sur un bord et il est possible de reconnaître quelques formes : triangles ou rectangles. Certains ont une forme arrondie. L’épaisseur de ces fragments varie de 2,5 à 4,5 mm.

Ils sont très oxydés et leur couleur est indéterminée sauf pour un qui est de couleur bleue.


Cinq tessons possèdent des grisailles dont il ne reste que des sortes de traits brisés de couleur beige/marron.



Ces tessons peuvent être rapprochés de ceux qui ont été trouvés en 1977 lors des fouilles de trois fosses à l’angle de la rue Romaine et de la place de la Cité à Périgueux et dont le matériel est daté du XIIe siècle au XIVe siècle[1].

[1] LACOMBE C., Fosses ovoïdes médiévales de la rue Romaine à Périgueux, Bulletin de la société archéologique du Périgord, 1978, p. 123-155


Conclusion

Malgré un lot de verre très fragmenté, il a été possible de reconnaître quelques formes. La fiole qui a pu être reconstituée est inédite en Aquitaine. Les deux fonds de lampe sont aussi une découverte intéressante pour l’Aquitaine qui possède peu d’objets de ce type.

Tous ces objets sont liés à un contexte religieux : soit objets liturgiques comme la burette, verre le à boire ou les lampes, soit comme décoration (les vitraux).

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