"Des documents d'archives aux découvertes archéologiques"
Publication prévue pour le début de l'année 2023 sur la toute nouvelle revue numérique du musée du Louvre.
Le colloque organisé par le Musée national de la Renaissance (Château d'Ecouen, Musée du Louvre) en visioconférence, s'est déroulé les 22 et 23 mars 2022 avec une dizaine d'intervenants.
Archeoverre a présenté une communication sur les verres émaillés et dorés en Aquitaine au XVIe siècle.
Cette communication fait suite aux travaux menés sur les verres émaillés et dorés dans la partie septentrionale de la France présentés en 2016. Ici, l'étude s'est recentrée sur l'Aquitaine où les mentions de "verres esmailles" ou "verres dores" dans les minutes notariales sont les plus nombreuses. Quant au matériel en verre émaillé ou doré il est peu présent (filets blancs, points blancs, écritures) comme dans le sud de la France.
Plan de la communication faite par Archéoverre
Les archives notariales
Nos principales sources historiques proviennent des archives notariales. Les archives départementales de Bordeaux, de Périgueux et de Toulouse ont fait l’objet d’une recherche approfondie. A Bordeaux, nous avons la chance d’avoir des notaires qui effectuent de nombreux actes commerciaux. Mais ces recherches ont été parfois difficiles à mener à cause de l’état des registres et au peu de soin apporté à l’écriture. Le déchiffrage de certains actes s’est avéré très complexe et se poursuit encore.
Malgré tout, 26 minutes font références à des verres émaillés ou dorés sur les 459 minutes concernant l’activité verrière en Aquitaine : 7 concernent verres émaillés, 19 les verres dorés.
Ces minutes notariales apportent de nombreuses informations sur les verriers fabricant des verres émaillés ou dorés en donnant le nom et la localisation de ces verriers ainsi que le nom et localisation des marchands de verre. On y trouve aussi des informations concernant les formes produites ainsi que les décors, es quantités fabriquées et les prix des verres émaillés et les quantités fabriquées et les prix des verres dorés
Les verres émaillés
Les verres émaillés sont produits par cinq verriers provenant de quatre ateliers différents entre 1556 et 1567. Ces ateliers sont en Gironde et dans le Lot-et-Garonne. Il n’a pas été encore découvert de références dans les archives pour les autres départements. Il s’agit de familles de verriers déjà connues comme les Colom, les Robert et les Grenier.
Les décors : Il n’y a que deux documents faisant référence à des décors animaliers : un de 1572 dans lequel Pierre Robert de Saint-Symphorien il livre des verres Danimaux danes. Il s’agit du même artisan qui a acheté de la « couleur à faire verre » en 1564. Mais ici, s’agit-il d’un bien d’un décor en émail ou doré ? Rien ne le certifie. L’autre texte concerne Bastien Besse du Tricolet qui en 1579 livre des coupettes dorées ainsi que des verres dorés faits en « lyons serfs et aultres animaux ». On suppose bien qu’il s’agit de verre sur lesquels des motifs animaliers ont été réalisés.
Les colorants : Pour faire des verres émaillés il faut des colorants et nous avons trouvé des documents faisant référence à des ventes de « couleur à faire verre ». Jehan Juilhiot verrier dans le Périgord achète en 1558, 6 charges de couleur de la « Peyrouse » ? Mais on ne sait toujours pas à quoi cela correspond. Pierre Robert de l’atelier de Saint-Symphorien en Gironde qui en 1564 achète de la couleur à faire verre. Donc ces artisans utilisaient bien des colorants pour teinter leurs verres mais pour autant faisaient ils des verres émaillés ?
Les verres dorés
On retrouve deux de ces verriers Mathieu Legret et Pierre Robert dans des minutes où il est question de ventes de verres dorés. 6 autres verriers sont concernés par des ventes de verres dorés. Ils sont situés dans les mêmes départements où sont déjà produits des verres émaillés et parfois dans les mêmes villages ou peut-être les mêmes ateliers : Saint-Symphorien, Donnezac et le Tricollet en Gironde et le Mas d’agenais, Antagnac et Castelmoron dans le Lot-et-Garonne.
Les formes produites
Différents types d’objets sont mentionnés dans les minutes. Pour les verres émaillés, nous trouvons uniquement les thermes de coupes, ou coupettes.
Pour les verres dorés le vocabulaire est plus large : non seulement on a des coupettes et aussi des « gobeaux », des « guilhes » ou simplement des verres blancs dorés.
Pour les coupes, c’est un terme un peu vague qui ne représente pas forcement les coupes que nous connaissons à notre époque mais peut-être des verres à jambe ayant une large coupe.
Les « gobeaux » il doit s’agir de gobelets peut-être des verres à pied tronconique qui appartiennent à une forme très répandues en France à cette période.
Quant aux « guilhes » on ne sait pas à quoi cela pouvait ressembler.
Confrontation avec les archives du sol : où sont passés les verres émaillés et les verres dorés?
-Peu de découvertes avec des motifs émaillés : 11 fragments de verres émaillés. Aucun fragment doré n’a été découvert. Aussi de nombreuses interrogations subsistent.
-Qu’en est -il des verres « ecripts » ? Plusieurs minutes font référence à la vente de ce type de verres. Si on regarde les prix, on se rend compte qu’il s’agit de verre peu luxueux puisqu’ils s’échangent entre 1,6 deniers et 2, 5 deniers donc bien moins que pour les verres émaillés et dorés.
-Problèmes de terminologie : que veut dire "verres émaillés" au XVIe siècle? Ainsi se pose la question de savoir si l’appellation « coupes émaillées ou dorés» du XVIe siècle recouvre la représentation que nous en avons actuellement ?
-Récupération du verre : vente de "verre casse" ou "verre rompu"
-Email de mauvaise qualité?
-Courant d'échanges vers le nord?
Conclusion : On voit que les textes font référence à une importante production de verres dorés et plus limitée pour les verres émaillés. Pour autant les découvertes archéologiques ne reflètent pas ces productions. Et de nombreuses interrogations subsistent. Le caractère encore largement partiel de ces données invite largement à approfondir la question. Il faut continuer les recherches en archives
Publication numérique sur le site du musée du Louvre
La publication des actes du colloque est prévue pour le début de l'année 2023. Archeoverre y publiera en intégralité sa communication agrémentée de cartes, dessins et tableaux de synthèse.
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